Il faut sauver

Le « soldat » Touring-Hôtel

Hier, nous vous avons raconté l’histoire d’un hôtel, « Le Touring » à Saint-Léonard-des-Bois dans le dessein de lancer un cri d’alarme : Il faut le sauver car l’avenir de celui-ci est en en péril après avoir été exploité par trois générations d’une même famille durant près de sept décennies.

Dans notre précédente édition nous avons vu que ce morceau du patrimoine des Alpes Mancelles avait été vendu par les descendants de Maurice Duval, Monique et Georges Thommeret, en 1996. A cette date il fut repris par un groupe hôtelier anglais « Forestdayle » qui possédait déjà quinze hôtels en Angleterre et qui souhait s’implanter dans l’ouest de la France, le Touring-Hôtel étant leur première acquisition sur le continent. Douze ans plus tard le groupe s’en sépara et le céda à des acquéreurs originaires de Phithiviers qui Malheureusement ne purent poursuivre la belle aventure et l’hôtel fût placé en liquidation judiciaire. C’est ainsi que le phare de la petite commune, plus beau village sarthois, a cessé de briller voici neuf ans maintenant. Durant près de soixante-dix ans il avait été mêlé étroitement à l’histoire de celle-ci et voilà que sa disparition était programmée. Durant plusieurs années, ouvert à tous vents, l’établissement qui avait fait la fierté de l’hôtellerie-restauration du département fut vandalisé, dépouillé, squatté au grand désespoir d’une famille qui avait participé à son existence et à son développement et par voie de conséquences contribué au rayonnement d’une commune pas comme les autres.

Saint-Céneri, une commune de caractère

De même que sa commune « jumelle », Saint-Céneri, un des plus beaux villages de France, Saint-Léonard a durant toute son histoire constitué un lieu rêvé pour les plus grands artistes. Nous avons vu que Corot y avait séjourné ainsi que d’autres peintres impressionnistes tandis que Saint-Céneri, à quelques kilomètres de là, accueillait en 1972 Auguste-Jean Claire un peintre qui devint maire de la commune en 1946. Comme d’autres avant lui, et après lui, la nature exceptionnelle des Alpes Mancelles fut un sujet d’inspiration sans égal pour l’artiste. L’histoire raconte qu’il offrit un de ses tableaux au général de Gaulle lorsque celui-ci se rendit à Alençon au moment de la Libération. Il faut croire que le futur président de la République apprécia le geste et l’œuvre qui se trouve aujourd’hui encore dans son bureau de la Boisserie à Colombey-les-deux-églises, au-dessus de sa table de travail. On peut aussi découvrir certains de tableaux de Claire à Londres, Florence, Sao-Paulo, au Canada, aux Etats-Unis, etc. Et bien sûr à la mairie de Saint-Céneri où un généreux mécène a offert une dizaine de toiles à la commune.

Une mort programmée

« Le Touring Hôtel » était-il voué à une mort lente et certaine ? C’était sans compter sur la volonté farouche d’un professeur de cuisine au CFA d’ Alençon, Stéphane Marignier, âgé de 47 ans. Habitant un petit village non loin de là, Moulins le Carbonnel, l’homme est dans le métier depuis une vingtaine d’années et a fait ses débuts au « Petit Vatel » d’Alençon, puis au « Dauphin » de l’Aigle et enfin au « Lion d’Or » de Bayeux. Stéphane Marignier a, depuis longtemps, l’ambition de remettre à flot et de faire à nouveau naviguer ce qui est devenu un paquebot fantôme délaissé de son équipage et abandonné de sa clientèle. Une ambition qui honore un homme tombé amoureux du Touring depuis une dizaine d’années mais qui nécessite un capital important, près de cinq cent mille euros, pour le remettre en état. Une tâche considérable et un pari fou : « Il me faut refaire entièrement la plomberie, l’électricité, le chauffage, rénover une quinzaine de chambres sur la quinzaine que compte l’hôtel et malheureusement les banques ne suivent pas ». Sans attendre il a retroussé ses manches en débroussaillant le parc de sept mille mètres carrés tombé à l’abandon et rendu à l’état sauvage puis en remettant en état les pièces intérieures. Un travail titanesque qui ne l’a pas rebuté.

Un rêve chevillé au corps

Mais Stéphane Marignier s’est refusé à s’avouer vaincu, à baisser les bras et avec son épouse Sandrine il a eu l’idée de créer une association « Sauvons le Touring » appelant à la participation de généreux donateurs afin dit-il « de faire renaître de ses cendres cette maison d’exception dans la région ». Le financement participatif, le mécénat, les aides régionales sont les bienvenues pour suppléer aux carences bancaires. Alors avec patience et ténacité les nouveaux propriétaires avancent méthodiquement, étape après étape, sans se décourager. Bien sûr ce n’est pas encore demain que le restaurant va pouvoir servir une soixantaine de couverts « à base de produits frais et locaux » que le bar à cocktail et le service traiteur seront ouverts aux visiteurs et qu’une grande salle entièrement restaurée accueillera des séminaires, mais il en faut davantage pour décourager Stéphane et le détourner de son objectif. « Il existe pour les Alpes Mancelles une manne touristique en même temps qu’un fort attachement des gens pour le Touring ».

Pour un lieu chargé d’histoire

Demain, c’est sûr le « Touring Hôtel » redeviendra le fleuron de la gastronomie locale qu’il fut durant si longtemps et qui n’aurait jamais dû cesser de l’être. Il redeviendra cet hôtel chargé d’histoire, implanté au cœur des Alpes Mancelles, joyau touristique du département, en bordure de la rivière la Sarthe et disposant d’une vue panoramique exceptionnelle. Et qui sait s’il n’accueillera pas de nouveau prochainement quelques célébrités et leur chevalet pour immortaliser des paysages à la beauté incomparable

So-Ho
Crédit photo : J.L Mevel

Infos pratiques : Si vous voulez, vous aussi, participer au sauvetage du Touring-Hôtel vous pouvez consulter le site : https : // www.leetchi.com/fr/cagnotte/15876460/da18b486
Vous pouvez également adresser vos dons en écrivant directement à Stéphane Marignier : « Les Champs Roux » 72130 Moulins-le-Carbonel.