Daniel Girard, une double passion

Les animaux et sa caméra

Daniel Girard est ce cinéaste animalier sarthois dont nous vous avons déjà présenté le film d’une laie avec ses marcassins (voir Ilatou dans le Mag) qui avait recueilli votre admiration. Il nous revient aujourd’hui avec un superbe court-métrage mettant en scène les cerfs en forêt de Bercé.

On imagine difficilement le temps, la patience, les techniques d’approche et de mise au point photographiques (avec la meilleure luminosité possible) qu’il faut au cameraman pour réaliser de telles images. Cela suppose aussi pour lui de bien connaître les endroits fréquentés par ces grands animaux, leurs heures de passage. Cela exige également de sa part une longue pratique de leurs habitudes, de leurs comportements, un art du camouflage et de pouvoir rester immobile et silencieux durant de longues heures. Le plus petit bruit, la moindre odeur peuvent en effet le trahir au près des hôtes de ces bois qui savent flairer le danger à la première alerte. Ce n’est qu’à ce prix qu’il peut alors espérer capter les regards, les postures de ceux que les chasseurs appellent « les grands gibiers » à qui Daniel voue une passion infinie. Avant de vous présenter son magnifique film il nous a paru indispensable de vous le faire connaître à travers quelques questions/réponses ... et en ajoutant quelques photos de sa composition.

Comment vous est venu cette passion pour le film animalier ?

Il y a plusieurs années de cela il y avait à Château-du-Loir un photographe professionnel, Michel Marc, qui faisait de la photo animalière qui, grâce à son talent, lui a permis de remporter beaucoup de concours internationaux. Il a été pour moi une sorte de père spirituel comme il l’a été pour beaucoup d’autres habitants autour de la forêt de Bercé. Il m’impressionnait énormément pour sa connaissance de la faune et son respect des animaux. J’ai donc voulu suivre ses traces d’abord par la photographie et ensuite avec la vidéo ce qui suppose une approche différente. Pour filmer il faut en effet des endroits dégagés afin de faciliter le mouvement alors que pour photographier une traversée d’allée suffit. L’écriture du film et le montage sont aussi très expériences très enrichissantes.

Quel est l’influence de la Forêt de Bercé réputée pour être l’une des plus belles de France, proche de chez vous ?

Quand je dirigeais mon entreprise de charpente couverture elle était ma soupape de sécurité. Un affût ou une ballade et je faisais immédiatement le vide sur mes difficultés. Elle est aussi pour moi un retour aux sources car mon père était bucheron et j’ai passé des moments merveilleux à le suivre et à arpenter la forêt avec lui.

Combien d’heures d’affût sont nécessaires pour réaliser un tournage comme celui de votre dernier court-métrage que nous diffusons sur Ilatou ?

Beaucoup d’heures pour l’observation mais en revanche beaucoup moins pour l’affût sous peine d’alarmer le gibier. Il faut surtout être très concentré. Au total j’y consacre environ cent cinquante heures par an.

Vous connaissez bien j’imagine les endroits où vous vous « planquez » …

C’est difficile car il faut savoir se remettre en question, ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est plus demain. Il faut surtout bien connaître les animaux que l’on filme, se mettre dans leur peau : imaginer l’endroit où trouver de la nourriture en toute quiétude, sécurité. C’est cela le plus important.

Quelles précautions particulières prenez-vous pour ne pas être repéré ?

Le maître mot est la patience. Il faut être parfois 5 à 7 heures sans bouger. Je ne fais que de l’affût car je trouve que la billebaude dérange davantage les animaux. Le sens du vent est très important car l’humain est le prédateur et toujours se trouver près d’un couvert, d’une haie, d’un fossé pour repartir sans être repéré.

Existe-t-il des heures plus favorables que d’autres, des saisons ?

Le matin au lever du jour puis le soir pour les biches et les cerfs et dans la journée pour les chevreuils. Le cerf brame au cours du mois de septembre et le 14 juillet et le 15 août sont les jours de rut pour les chevreuils. Mais on peut faire de très belles images toute l’années.

Quels sont vos futurs projets ?

J’en ai beaucoup ! J’ai pour commencer un film à terminer mais qui n’est pas consacré aux animaux. J’y accompagne des enfants qui filment des animaux. J’ai également en prévision deux autres films sur des personnages de la région.

On ajoutera que Daniel Girard a aussi en tête une exposition avec les bois trouvés dans le massif de Bercé (il en possède d’ailleurs une collection impressionnante de plus d’un millier). Les cerfs perdent en effet leurs bois tous les ans et ceux-ci repoussent en quatre mois. Le chasseur d’images nous a d’ailleurs confié avoir suivi durant onze ans un cerf surnommé « Papi ». Au cours de cette expo qui sera organisée sur un week-end dans un château du sud Sarthe, et dont nous vous reparlerons le moment venu, il y aura d’autres photographes animaliers de la Sarthe mais aussi des sculpteurs, des peintres et des écrivains. Le samedi soir sera consacré à la projection de films et de conférences de la part de spécialistes du cerf en France.


Entretien réalisé par JY. D

Demain : Pour suivre : Le court métrage en Forêt de Bercé de Daniel Girard