Illustration de nos vieux métiers :

Le cordonnier de nos aïeux à nos jours

Dans le cadre de cette nouvelle rubrique consacrée aux vieux métiers nous évoquerons périodiquement ces métiers venus du fond des âges et qui ont traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous tels que le Maréchal-ferrant, le bourrelier, le maroquinier, le barbier, ébéniste, etc. Hélas pour certains le 20 et le 21ème siècle leur auront été fatals.

C’est pourquoi, sans vouloir les ressusciter, nous les ferons revivre à chaque fois que cela sera possible comme autant de témoignages d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Œuvres le plus souvent d’artisan passionnés, consciencieux, ils sont aussi la preuve vivante qu’il n’est nul besoin d’avoir fait les grandes écoles pour démontrer des capacités professionnelles, des compétences souvent exceptionnelles même si depuis un certain temps des CAP, des BTS et des Bac Pro attestent d’une formation spécifique à certains d’entre eux.

Un peu d’histoire

Avant le XIVème siècle il n’y avait pas de cordonniers parce que le cuir était extrêmement rare, on n’utilisait celui-ci que pour la sellerie et l’équipement militaire. Les chaussures au Moyen-Âge se confectionnaient en drap et en feutre et étaient l’œuvre de chaussetiers et de savetiers. Avec l’arrivée des tanneries le cuir devint moins rare et moins coûteux et les cordonniers commencèrent à fabriquer des chaussures en cuir. C’est à cette époque qu’apparut la première corporation avec des règlements très rigoureux au point qu’il fallait prêter serment pour ceux qui prétendaient s’installer. La vente des chaussures était elle-même très réglementée.

Saint-Crépin, le patron des cordonniers

La légende prétend que celui-ci que celui-ci avait ouvert une boutique dans la ville de Soissons en même temps qu’il prêchait le christianisme et sa fête tombe le 25 octobre. Depuis beaucoup d’artisans cordonniers se sont regroupés la confrérie des Compagnons du Devoir et celle-ci subsistera à la révolution comme un héritage utile de l’ancien régime. Au cours des siècles suivants apparurent d’autres spécialités telles que l’échoppier, le chamberlan, été l’outillage évolua au point de se mécaniser et de donner naissance à l’industrie de la pantoufle. C’est dire qu’on aurait grand tort de ne voir ce métier de cordonnier que par le petit bout de la lorgnette

Une féminisation du métier

Notre vieux métier d’aujourd’hui est exercé par une jeune femme, mamertine montrant ainsi que le temps où certaines activités étaient réservées aux hommes est révolu, à l’image des grandes chefs de cuisine, des pilotes d’avion, des professeur(e)s de médecine, astronautes et autres chefs d’entreprise.

Artisan mais aussi artiste

Le cordonnier est un artisan avant tout car s’il répare des chaussures il les vend rarement laissant cela à des commerçants. Et dans l’étymologie du mot artisan il y a artiste et c’est bien de cela qu’il s’agit. Souvent en effet ces hommes et ces femmes ont une âme d’artiste si l’on songe en particulier aux ébénistes, aux tailleurs de pierre, etc. Etre cordonnier ou cordonnière nécessite d’avoir du talent, de l’imagination, de la patience et par-dessus tout l’amour du travail. Son action est multiple et variée et va du ressemelage de chaussures au changement de talons en passant par la pose de patins.

Des diplômes du CAP au Bac Pro

Ce métier nécessite aujourd’hui d’obtenir soit un CAP de cordonnier multiservices, soit un CAP de cordonnier bottier et peut être complété d’une spécialisation d’un an en piquage d’articles chaussant qui s’effectue sur un site unique en France implanté à Strasbourg. D’autres pourront aussi se diriger vers un Bac Pro des métiers du cuir, option chaussures ou maroquinerie en deux ans après le CAP ou trois ans après la 3ème. Et maintenant grâce à François Jouanneaux notre photographe et la complicité de notre cordonnière de Mamers pénétrez dans cet univers où le cuir est roi, un matériau noble, riche, beau et qui exhale un parfum enivrant.

Crédit photo : F. Jouanneaux